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Jean-François Grassin, MCF, Université Lumière Lyon 2

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Orientations numériques

Nous ancrerons nos propos dans un "tournant spatial" encore récent ( Benson, 2021 ; Murray & Lamb, 2018) qui semble pouvoir prendre plus de place actuellement dans le domaine de la didactique des langues et accompagner une réflexion sur la place de la technologie et ses artefacts dans les situations d'apprentissage et d'enseignement.
Nous nous appuierons notamment sur le projet ANR MOBILES portant sur la socialisation langagière d’étudiants internationaux et son lien avec les expériences socio-spatiales vécues. Ce projet repose sur deux hypothèses fortes  :
  • il convient de s’intéresser à l’hétérogénéité des pratiques socio-spatiales urbaines pour comprendre les processus de socialisation en tant que processus non-linéaires et émergents ;
  • ces pratiques socio-spatiales trouvent des appuis numériques (applications de géolocalisation, applications cartographiques) au quotidien dont la didactique doit s'emparer.
Il s’agit d'une part d’explorer certaines méthodes qui pourraient conduire à une plus grande « conscience spatiale » dans les approches sociolangagières de l’apprentissage des langues (Benson, 2021), mais aussi de leur enseignement. L’apprentissage est une affaire d’orientation (Moores, 2018) parce qu'on ne peut séparer les apprentissages langagiers d’une pratique sociale du monde dans lequel les individus vivent : "c'est à travers les pratiques de cheminement que les êtres habitent le monde" (Ingold, 2013) et "c'est en agissant dans le monde que le praticien le connait" (Ingold, 2015 : 146-7).
D'autre part, il s'agit également de poser la question de la part numérique de ces expériences socio-spatiales, dans une perspective non-ségrégationniste (Citton, 2022). Nous nous pencherons ainsi sur les applications géolocalisantes, notamment cartographiques, et la manière dont elles transforment notre rapport aux lieux.
Avec les écrans de navigation,  les frontières spatiales entre l'écran et l'espace physique deviennent floues et cet état de fait questionne la notion d'expérience. Ainsi, pour un certain nombre de chercheur.e.s en études visuelles et médiatiques, dans notre culture visuelle actuelle, regarder et faire se confondent. Pour  Verhoeff (2012), dans l'espace de l'écran, "nous pouvons à la fois être narrateur, focalisateur, spectateur, joueur et, peut-être plus fondamentalement, navigateur" (p.71).
Selon cette perspective, nous questionnerons les affordances des espaces écraniques pour l'apprentissage et la socialisation langagière, et notamment les interfaces cartographiques. Dans quelle mesure une cartographie collective numérique comme forme conjonctive (Berardi, 2016) d' "imaginations localisées" (Conley, 2007) serait porteuse de potentiels de performance, de créativité, de réflexivité et de sociabilité ?
En discussion, nous proposons de questionner notre rapport de praticien et de chercheur aux objets techniques et notre culturelle matérielle, en envisageant la culture de l'hybridité comme "partage du sensible (technique)" (Rancière, 2000 ; Beaubois, 2022) et comme "faire-critique" (Allard, 2022) avec les aspects numériques de nos environnements.

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